Fiche Chien N°23. La Rage au Maroc

chien

 

La rage au Maroc est une zoonose majeure qui sévit à l’état enzootique dans le pays avec une moyenne annuelle de 416 cas animaux et 20 à 22 cas humains. Le réservoir et le vecteur principal de cette maladie est le chien qui est à l’origine de la majorité des contaminations. La plupart des Provinces du Royaume sont infectées avec des degrés variables selon la densité de la population canine et les conditions socioculturelles prévalentes.
Malgré les efforts déployés pour lutter contre cette zoonose, le Maroc enregistre encore une incidence élevée de cette maladie chez l’animal. En effet, certaines difficultés rencontrées rendent la lutte contre la rage difficile notamment:

  • La présence d’une population canine dynamique (taux de renouvellement élevé estimé à 30%) ;
  • La méconnaissance de la socio-écologie de cette population ;
  • L’insuffisance d’information et de sensibilisation du public sur cette zoonose ;
  • La nécessité d’intervention dans plusieurs domaines en relation avec la lutte contre la rage à savoir notamment:

– La gestion des ordures et des saisies au niveau des abattoirs;
– La gestion de la population canine;
– La santé humaine (sensibilisation du public, traitement préventif des personnes contaminées).

La réussite des programme de lutte est tributaire de :

  • L’identification et l’élimination des facteurs de risque associés à l’apparition de cette zoonose ;
  • L’application rigoureuse et continue des actions de lutte prévues dans le cadre de la stratégie de lutte ;
  • la bonne connaissance de la socio-écologie de la population canine ;
  • l’application d’une épidémiosurveillance continue de la maladie aussi bien chez l’homme que l’animal ;
  • d’actions continues de sensibilisation et d’information du public quant à l’importance de cette maladie.

I. ELABORATION DU PLAN NATIONAL DE LUTTE CONTRE LA RAGE (PNLR) EN 1986

De 1986 à 1994, un plan de lutte contre la rage animale, intitulé Plan National de lutte contre la rage a été mis en œuvre. Il avait pour axes principaux la vaccination des chiens à propriétaire, l’abattage ciblé des chiens errants et une épidémiosurveillance de cette maladie.
Plusieurs facteurs limitants ont empêché l’atteinte des objectifs arrêtés par ce plan de lutte à savoir:

  • L’existence d’une population canine importante en milieu rural insuffisamment vaccinée ou inaccessible à la vaccination, dont le déplacement reste non contrôlé ;
  • Le manque de sensibilisation et d’information de la population sur cette pathologie et sur son mode de prophylaxie ;
  • Une coordination interdépartementale insuffisante associée à une responsabilisation non précise des différents intervenants.

Cependant, des résultats positifs ont été atteints notamment :

  • L’amélioration des niveaux de déclaration de la maladie;
  • Le recours de plus en plus au diagnostic de laboratoire de la maladie;
  • La production et la commercialisation d’un vaccin local ;
  • Formation du personnel de laboratoire en matière de diagnostic de la rage animale et généralisation du diagnostic de la maladie à l’échelle de tous les laboratoires vétérinaires régionaux.

II. ELABORATION DE LA NOUVELLE STRATEGIE DE LUTTE EN 2001

Suite aux résultats non satisfaisants obtenus par le PNLR en 1986, la Direction de la Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires (ex. Direction de l’Elevage) a élaboré une nouvelle stratégie de lutte contre la rage qui a tenu compte des enseignements et résultats de l’évaluation de l’ancien plan de contrôle, des conditions socioculturelles prévalentes dans notre pays, ainsi que des moyens humains et matériels susceptibles d’être mobilisés. Son objectif étant la réduction, à court terme, de l’incidence de la rage et son éradication à long terme.
Outre la vaccination des chiens, cette stratégie s’appuie également sur une prophylaxie sanitaire ciblée et sur l’identification des chiens vaccinés.

            A- MISE EN ŒUVRE DE LA NOUVELLE STRATEGIE

La mise en œuvre de la nouvelle stratégie de lutte contre la rage s’est faite progressivement de façon à capitaliser les expériences. En 2003, et après la signature par les trois départements ministériels concernés (Agriculture, Santé et Intérieur) par la lutte contre la rage de la circulaire interministérielle de lutte contre la rage, l’essai a été réalisé dans 9 provinces pilotes à savoir: Agadir, Beni Mellal, Casablanca, Khémisset, Rabat-Salé, Settat, Sidi Kacem, Oujda, Khénifra. Cet essai avait pour objectifs de:

  • Tester la faisabilité de la stratégie dans le but de la réajuster, éventuellement, avant sa mise en place à l’échelle Nationale;
  • Tester la collaboration entre les différents intervenants ;
  • Evaluer le protocole de vaccination et les besoins en moyens humains et matériels ;
  • Evaluer les autres composantes de la stratégie (prophylaxie sanitaire, déparasitage, stérilisation des chiens….).

Il avait également pour objectif la vaccination et l’identification d’au moins 70% de la population canine à propriétaires dans les zones concernées.
Ainsi, l’initiation du programme de lutte contre la rage dans les provinces pilotes a démarré en décembre 2002. Il consistait en la vaccination des chiens à propriétaires dans les zones rurales et semi-urbaines, leur identification au moyen de colliers, la délivrance des carnets de vaccination à leurs propriétaires ainsi que l’exécution d’une enquête sérologique intéressant un échantillon de population canine visant l’évaluation de l’efficacité du vaccin antirabique utilisé.
La vaccination antirabique des chiens a été effectuée avec un vaccin inactivé produit par la société d’Etat Biopharma. L’efficacité du vaccin a été prouvée et jugée conforme aux normes de l’OMS par le laboratoire de référence de l’OIE (Nancy, France).
Les réalisations de la prophylaxie médicale au cours de cette opération ont fait état de 165 110 chiens vaccinés, soit une couverture vaccinale moyenne de 77%.
Malgré qu’il était encore tôt d’analyser l’impact de la vaccination sur la situation de la rage au cours de l’année 2003 et 2004, il a été noté, dans les provinces où le programme a été exécuté convenablement, une diminution notable des cas de rage animale et surtout pour l’espèce canine.

            B- GENERALISATION DE LA NOUVELLE STRATEGIE

A partir du mois d’avril 2004, la généralisation du programme de lutte contre la rage a été lancée dans l’ensemble des provinces du Royaume. Au cours de cette même année, un plan d’action renforcé a été mis en œuvre par les trois Départements concernés par la lutte contre la rage (Ministères chargés de l’Agriculture et de la Santé ainsi que le Ministère de l’Intérieur). Au cours de cette année, les réalisations de la prophylaxie médicale ont atteint environ 450 000 chiens vaccinés.


Depuis cette année, des campagnes de vaccination de rappel ont été exécutées annuellement sur l’ensemble du territoire national par les services vétérinaires publics. Le bilan des réalisations a fait état des résultats suivants:

  • En 2005-2006 : environ 325 000 chiens vaccinés.
  • En 2007 : environ 268 000 chiens vaccinés.
  • En 2008 : environ 123 000 chiens vaccinés.

 

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