
Chez le chien, cette affection peut, de la même façon, survenir suite à un “mauvais mouvement” lors d’une phase de jeu intense ou d’une activité sportive mal menée. Cependant, ces traumatismes aigus ne représentent pas la principale cause de rupture du ligament croisé antérieur. En effet, cette rupture apparaît fréquemment sans qu’aucun traumatisme préalable n’ait pu être noté. Elle est alors secondaire à une fragilisation progressive des divers constituants de l’articulation.
Certains facteurs prédisposent à la rupture du ligament croisé antérieur:
- l’obésité :plus l’animal est gros, plus les tensions exercées sur ses ligaments sont importantes
- la sédentarité :une très faible activité physique et donc une très rare sollicitation des structures articulaires fragilise les ligaments croisés
- Une luxation chronique de la rotule :les chiens de petites races souffrent fréquemment de luxation de la rotule. Cette dernière entraîne une inflammation chronique de l’articulation et des modifications des forces exercées sur les ligaments, les fragilisant.
Enfin, l’arthrose du genou est un facteur favorisant de cette pathologie.
La rupture du ligament croisé crânial s’accompagne très fréquemment de lésions concomitantes des ménisques.
– Les ruptures secondaires à un phénomène dégénératif se rencontrent, elles, chez des animaux d’âge moyen (6 ans, âge auquel de l’arthrose peut déjà être présente) ou plus vieux. Elle entraîne une boiterie d’apparition plus progressive, non reliée à un traumatisme précis.
Lors de l’examen clinique, le vétérinaire met en évidence une douleur lorsqu’il appuie sur le genou ou le mobilise et peut noter un gonflement de l’articulation
La confirmation de rupture du ligament croisé peut se faire par plusieurs méthodes:
- Lors de la Manipulation:
Ce “signe du tiroir” n’est malheureusement pas systématiquement présent, notamment lorsque l’inflammation et le gonflement du genou limitent sa manipulation, lors de lésion associée d’un ménisque pouvant fausser l’examen ou encore lors de rupture seulement partielle du ligament.
- Par Radiographie:
La radiographie va permettre de déceler des signes évocateurs d’arthrose voire de diagnostiquer une rupture totale du ligament croisé antérieur (les ligaments ne sont pas directement visibles sur le cliché mais la radiographie prise dans une position adaptée peut montrer une position anormale du tibia par rapport au fémur). En revanche, cette méthode ne permet pas de mettre en évidence les ruptures ligamentaires partielles.
- Par Echographie:
A l’échographie, les inflammations des membranes articulaires peuvent être mises en évidence et le ligament croisé crânial visualisé. Ainsi, une suspicion, à la manipulation, de rupture du ligament croisé crânial sera confirmée et les ruptures ligamentaires partielles pourront être décelées.
- Par IRM:
L’IRM permet, non seulement, la visualisation précise des ligaments croisés mais également des ménisques du genou, ce qui est très intéressant sachant que les ruptures du ligament croisé antérieur sont très souvent associées à des lésions méniscales.
- Par Arthroscopie:
L’examen arthroscopique se pratique sous anesthésie générale. Il consiste à introduire une caméra miniature à l’intérieur de l’articulation pour en visualiser toutes les structures. Il présente plusieurs intérêts:
– Il permet de confirmer le diagnostic de rupture du ligament croisé,
– Il permet de visualiser les ménisques et de voir s’ils sont lésés
– et si le diagnostic est confirmé, le chirurgien peut traiter la rupture du ligament pendant l’anesthésie de l’arthroscopie.
Traitement
L’intervention doit permettre de stabiliser l’articulation pendant la marche.
La chirurgie consiste:
- Soit à remplacer le ligament par une prothèse.
La prothèse pourra être placée à l’intérieur ou à l’extérieur de l’articulation et va remplir les fonctions du ligament croisé rompu. Elle peut être synthétique ou biologique.
- Soit à stabiliser l’articulation du genou uniquement à l’appui. Pour cela, une partie du tibia va être sectionnée et repositionnée à l’aide de plaques et de vis dans une orientation légèrement différente. Ces modifications vont permettre d’éliminer la tension à laquelle est habituellement soumis le ligament croisé crânial lorsque l’animal prend appui sur son membre postérieur.
Quelle que soit la méthode choisie, une exploration de l’intérieur de l’articulation est systématiquement pratiquée afin d’observer les ménisques et de pouvoir en retirer certaines parties éventuellement abîmées.
Suites opératoires
Par ailleurs, une surveillance attentive du poids de l’animal sera effectuée afin de limiter tout surpoids, qui comme nous l’avons vu, est un facteur favorisant des ruptures de ligament croisé.
Enfin, le second genou des chiens pour lesquels l’arthrose semble avoir été le facteur favorisant de la rupture ligamentaire pourra être régulièrement contrôlé par votre vétérinaire pour s’assurer qu’il ne présente aucune anomalie.