Fiche Chat N°20. Malpropreté urinaire liée à l’environnement du chat

chat

 

Le chat est une espèce dite territoriale. Il accorde une énorme importance à son milieu de vie qu’il va séparer en diverses zones : une aire de jeux, une aire d’isolement (où l’animal doit pouvoir rester au calme, éviter tout contact), une aire dédiée à ses repas ou encore une aire d’élimination où il fera ses besoins.

Toute modification, tout élément que le chat va considérer comme perturbateur dans “son espace” va énormément le contrarier et pouvoir déclencher l’apparition de malpropreté.

Malpropreté associée à un problème avec la litière,

Dans certains cas, la litière proposée ne convient pas au chat et il refuse d’y faire ses besoins.

Il peut ne pas apprécier :

– Le bac a litière (certains chats détestent, par exemple, les bacs à litière fermés, peu aérés, dans lesquels l’odeur d’ammoniac est beaucoup plus forte)

– Le substrat qui s’y trouve (éviter les substrats parfumés peu appréciés par certains animaux)

– La localisation de la litière : les chats n’aiment pas faire leurs besoins dans un endroit trop proche de leur lieu de repos et du lieu de leurs repas.

De même, ils redoutent souvent les endroits trop bruyants ou passants (on évitera par exemple la proximité d’une machine à laver…)

Enfin, la litière doit être accessible en permanence (ne pas choisir une pièce dont les portes sont fermées une partie de la journée)

– Le manque de propreté: certains animaux ne restent propres que si leur litière est changée très fréquemment.

⇒ Les soucis de malpropreté pourront alors être résolus par un changement du substrat ou du bac de litière, une hygiène rigoureuse ou une réorganisation de l’espace en plaçant le bac dans un endroit calme, peu passant, à distance du panier et de la gamelle (dans les surfaces très restreintes, des espaces en hauteur pourront être aménagés afin de bien séparer ces différents éléments)

Malpropreté liée à une aversion pour la litière

Parfois, un chat parfaitement propre jusqu’alors, semble subitement ne plus vouloir faire dans sa litière.

Une cause bien précise, un événement qui aurait pu perturber le chat doivent être recherchés.

Divers traumatismes peuvent intervenir alors que le chat urine et l’inciter à éviter à tout prix la litière par peur de voir cet événement se reproduire :

– Bruit violent (porte qui claque, explosion…)

– Agression par un autre animal (chien, autre chat de la maison…)

– Enfants très bruyants venus le perturber pendant qu’il faisait ses besoins

– Douleur (un chat ayant souffert d’une cystite peut associer le bac de litière à la douleur ressentie en urinant et ne plus vouloir y retourner)

– Punition (il est parfois tentant lorsque le chat a fait ses besoins hors de la litière de l’emmener de force au bac pour lui montrer “où il doit faire”. En réalité, le chat comprend juste que lorsqu’il est puni, on le place dans sa litière, d’où sa volonté de ne plus y aller…)

⇒ Pour essayer de faire disparaître cette aversion récente pour la litière, de petites modifications seront réalisées:

– Un nouveau bac ainsi qu’une nouvelle localisation pourront permettre de faire disparaître cette phobie de la litière.

– La litière sera, là encore, placée dans un endroit très calme, caché et inaccessible aux jeunes enfants s’ils sont à l’origine du problème.

– Les punitions seront arrêtées (elles ne font qu’augmenter l’angoisse du chat et sa malpropreté)

Malpropreté associée à un changement d’environnement

Comme nous l’avons évoqué précédemment, le chat est très attaché à ses habitudes, à son territoire et toute modification de “son espace” peut le perturber.

Il peut alors chercher à se rassurer en réapposant ses marques en divers endroits de l’habitation, notamment par du marquage urinaire

(voir article intitulé “Quelle différence entre élimination et marquage urinaire?”)

Une “anxiété de déterritorialisation” peut survenir suite à toute perturbation de l’organisation du territoire du chat :

– Après des travaux de réfection,

– Après un simple réaménagement de l’espace avec changement de place des meubles (certains chats présentent parfois de la malpropreté suite au déplacement d’un seul meuble!)

– Suite à un déménagement

D’autres signes sont alors souvent associés à la malpropreté :

Le chat fait de grandes marques de griffade sur les murs ou le mobilier et son marquage facial est modifié (il ne se frotte plus sur les meubles de l’habitation comme il le faisait jusqu’alors ou, au contraire, passe son temps à se frotter partout)

Ces changement de comportement révèlent le “mal-être” du chat

⇒ Ce type de malpropreté peut être prévenu par l’utilisation de phéromones d’apaisement appliquées dans la nouvelle habitation quelques jours avant un déménagement:

Les phéromones faciales sont des substances chimiques émises par le chat pour se repérer et communiquer avec ses congénères.

Il dépose ces substances en se frottant les joues sur les divers objets de son environnement. Les surfaces ainsi « marquées » deviennent familières et apaisantes pour l’animal.

Ces phéromones ont été reproduites artificiellement et peuvent être employées sous forme de spray ou de diffuseur afin d’aider à diminuer l’anxiété du chat face à toute situation stressante pour lui (demandez conseil à votre vétérinaire)

Ces mêmes phéromones pourront être employées pour traiter un marquage urinaire apparu après des travaux.

Des compléments alimentaires aux propriétés apaisantes peuvent également être proposés (L-Théanine ou Hydrolysat trypsique d’αS1-caséine). Ils sont faciles à administrer (poudre ou comprimés appétents), n’ont aucun effet secondaire et n’entraînent aucune sédation.

Malpropreté liée à l’arrivée d’un nouvel habitant

L’arrivée d’un nouveau venu peut, tout autant qu’un déménagement ou une réorganisation de l’espace, constituer un élément venant perturber les “petites habitudes” du chat et faire naître chez lui une grande anxiété et l’apparition de malpropreté…

Le nouvel habitant peut aussi bien être un humain (par exemple un ou une petit(e) ami(e) venu(e) emménager à la maison…), qu’un autre animal (chien, chat)

Ainsi, un maître qui vient d’adopter un second chat pour éviter que son premier animal ne s’ennuie peut être très surpris de voir son chat se mettre à uriner n’importe où.

En réalité, celui-ci est parfois beaucoup plus perturbé que ravi de l’arrivée de ce nouveau venu qui va l’obliger à partager et donc réorganiser tout son territoire.

On parle alors “d’anxiété de cohabitation”

Ces troubles de cohabitation peuvent même apparaître chez des chats ayant jusqu’alors vécu ensemble sans problème suite à un changement (par exemple à la puberté d’un des deux chats, après une maternité, au retour d’une fugue d’un des deux animaux…)

 

Généralement, à l’arrivée du nouveau chat, les deux animaux “se découvrent “de façon relativement violente: ils crient, feulent, cherchent à impressionner l’autre…

Ces agressions disparaissent si les animaux parviennent à se répartir le territoire.

Lorsque cette répartition n’a pas pu être réalisée correctement, les agressions se poursuivent, devenant de plus en plus violentes et sont provoquées par chaque intrusion d’un chat dans un territoire “non attribué”.

Un des deux animaux dit “actif” agresse en permanence le second chat dit “passif”.

Dans les stades les plus avancés de conflit, le chat actif est obsédé par le second chat, surveillant le moindre de ses mouvements. Ce dernier vit alors reclus sous un lit ou un meuble, n’osant plus bouger.

La malpropreté peut alors concerner les deux chats :

le chat passif n’ose même plus aller jusqu’à la litière de peur d’être agressé,

tandis que le chat actif, complètement obnubilé, développe une grande anxiété responsable de marquage urinaire et d’élimination dans des lieux inappropriés.

⇒ Pour éviter toute malpropreté liée à une anxiété de cohabitation, il convient de:

 Ne pas intervenir lors des agressions des premiers jours.

Il est très tentant d’essayer d’attribuer à chaque chat un espace précis et de les séparer pour limiter les “bagarres”. Or la séparation des deux animaux va les empêcher de se répartir correctement l’espace et aggraver de façon très importante les agressions.

Il convient , au contraire, de les laisser faire, tout en leur laissant un maximum de place disponible (en évitant de fermer les portes)

– L’emploi de phéromones dites de familiarisation et d’apaisement pourra aider à calmer l’anxiété des chats associée à cette nouvelle situation, tout comme l’administration de compléments alimentaires aux propriétés apaisantes

– Il faut, par ailleurs, proposer une litière à chaque chat (voire une litière de plus que le nombre de chats) et disposer ces bacs dans des endroits très variés pour aider chaque animal à s’attribuer une aire d’élimination.

– Lorsque les agressions ont déjà pris beaucoup plus d’ampleur, seule la mise en place d’un traitement médicamenteux pourra calmer les angoisses de chacun des animaux et faire disparaître, non seulement, la malpropreté mais également tous les autres signes d’anxiété des deux chats (agressions vis-à-vis de l’autre animal, agressions envers les propriétaires, troubles alimentaires, léchage incessant…)

Votre vétérinaire envisagera avec vous le meilleur traitement possible en fonction des signes observés (des molécules telles que la sélégiline ou la clomipramine pourront notamment être utilisées)

Malpropreté et état dépressif

Lorsqu’une vive anxiété, survenue suite à une modification du milieu de vie du chat, n’est pas repérée suffisamment tôt, elle peut évoluer vers un état dépressif :

Le chat devient indifférent à tout ce qui l’entoure, il souffre de troubles du sommeil, développe une anorexie ou à l’inverse une boulimie, il peut se mettre à miauler sans raisons, passe tout son temps à se toiletter…

A ces nombreux symptômes peut s’ajouter de la malpropreté : le chat se met à faire ses besoins n’importe où. Dans les cas de graves dépressions chroniques, il est si déprimé, démotivé, qu’il ne va plus jusqu’à la litière et fait là où il se trouve ou même à l’endroit où il dort.

 

Un traitement médicamenteux devra, là encore, être mis en place par votre vétérinaire.

L’utilisation de phéromones et de compléments alimentaires pourra améliorer les troubles dépressifs, tout comme l’instauration de temps de jeux du chat avec son propriétaire (mise en place de jeux de chasse (mobiles, jouets en forme de souris…) et de jeux d’exploration (cartons percés, sacs papier et toutes sortes de cachettes)) pour le stimuler au maximum.

A éviter…

Face à un problème de malpropreté, quelle qu’en soit l’origine, il faut éviter :

– De nettoyer les souillures avec de l’eau de javel ou un produit ammoniaqué :

le chat adore ces odeurs et cela va l’inciter à refaire au même endroit.

Ces produits nettoyants seront par contre utilisés pour le nettoyage de la litière afin de la rendre plus attractive

– De laisser toute marque olfactive ou visuelle à l’endroit souillé (ces marques incitent, là encore, le chat à uriner à nouveau à cet endroit) :

Un nettoyage des spots urinaires avec de l’eau gazeuse (type Perrier) et du vinaigre d’alcool blanc dilué permet de bien supprimer les odeurs d’urine.

– De garder attrayant un nouveau lieu choisi par le chat pour y faire ses urines.

Si le chat a pris pour habitude de faire à un endroit bien particulier, il faut tenter de rendre cet endroit très désagréable :

par exemple des feuilles de papier plastifiées,d’aluminium ou des couvertures de survie pourront être placées sur les couettes ou les tapis (le chat les trouvera alors nettement moins moelleux et se mouillera les pattes s’il urine dessus, ce qu’il n’apprécie pas du tout!)

De l’eau pourra être placée au fond de la baignoire ou du bac de douche, afin d’éviter que le chat n’aille y uriner…

– Les punitions :

Toute punition du chat doit absolument être proscrite car elle ne fait qu’accroître son stress et par conséquent sa malpropreté. Un véritable cercle vicieux s’instaure alors avec une dégradation très rapide des relations entre l’animal et ses propriétaires.

§

La malpropreté chez le chat est très souvent associée à une perturbation de son environnement et fréquemment provoquée par un état anxieux.

N’hésitez pas à rapporter à votre vétérinaire tout problème de malpropreté survenu récemment chez votre animal en lui précisant bien les circonstances d’apparition de ces “accidents”. En effet, plus la prise en charge de ce type de trouble est tardive, plus les événements ayant pu déclencher la malpropreté seront difficiles à se remémorer et le pronostic réservé.

 

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