Un chat qui urine en-dehors de sa litière ne le fait pas forcément pour “ennuyer” ses maîtres” ou “se venger” de quoi que ce soit.
En effet, certaines circonstances particulières, comme une vive douleur que peut ressentir le chat à chaque fois qu’il essaie d’uriner, peuvent l’inciter à faire ailleurs que dans la litière, lieu que l’animal aura rapidement associé à sa souffrance.
Plusieurs types de troubles urinaires peuvent déclencher de vives douleurs à la miction, parmi lesquels les cystites, les calculs ou encore les tumeurs de l’appareil urinaire.
Cristaux et calculs urinaires
¤ Circonstances d’apparition et symptômes
– Chez le chat, une modification du pH des urines peut provoquer l’apparition de cristaux urinaires:
Par exemple, des cristaux de struvites pourront se développer en milieu basique tandis que des urines trop acides pourront donner naissance à des cristaux de cystine.
– Ces cristaux peuvent ensuite s’agglomérer et former des calculs. Ces derniers vont provoquer une importante inflammation de la vessie (ou cystite) et une irritation des voies urinaires
.
Toute émission d’urine devient alors particulièrement douloureuse : le chat miaule, se plaint, il émet très fréquemment de très petites quantités d’urines souvent rougies par du sang.
L’animal associe très rapidement sa douleur avec le fait d’aller à la litière et va développer une véritableaversion pour elle, essayant alors d’uriner ailleurs (urines retrouvées dans le lavabo, la baignoire…)
– Chez le chat mâle, la présence de ces cristaux et calculs peut même engendrer une véritable obstruction des voies urinaires :
En effet, chez le mâle, l’urètre (conduit qui permet le passage des urines de la vessie vers le milieu extérieur) a un diamètre extrêmement petit. Un calcul urinaire ou de très nombreux cristaux regroupés en une sorte de “sable” vont pouvoir facilement venir “boucher “ cet étroit passage.
Les urines s’accumulent alors dans la vessie qui devient énorme puis remontent jusqu’aux reins, déclenchant une grave insuffisance rénale. Le chat arrête de se nourrir, il semble particulièrement abattu et peut présenter des vomisements ainsi que de graves troubles cardiaques. Si aucune mesure n’est prise, l’insuffisance rénale et ses conséquences peuvent entraîner la mort du chat en seulement quelques jours!
– Votre vétérinaire doit rapidement être mis au courant de tout trouble, toute malpropreté urinaire afin qu’il exclut la présence de calculs urinaires ou mette au contraire en place un traitement adapté le plus rapidement possible si des calculs sont décelés.
¤ Diagnostic
Plusieurs examens sont nécessaires à la mise en évidence de cristaux ou de calculs urinaires :
– La palpation de la vessie par le vétérinaire permet parfois de révéler une douleur ou de déceler une vessie anormalement grosse (globe vésical) dans les cas d’obstruction des voies urinaires
– Une bandelette urinaire peut mettre en évidence la présence de sang dans les urines ainsi qu’un pH inadapté
– Un Examen Cytobactériologique des urines révèle la présence des cristaux
– La plupart des calculs urinaires (struvites, oxalate de calcium, phosphate de calcium) peuvent être mis en évidence sur uneradiographie.
D’autres, non radioopaques vont nécessiter la réalisation soit d’uneradiographie après injection d’un produit de contraste, soit d’un examen échographique.
– L’échographie permet , non seulement, de visualiser les calculs vésicaux mais également des cristaux présents en grande quantité formant une sorte de “sable” dans la vessie.
¤ traitement
– Si des cristaux ont été décelés dans les urines de votre chat, le vétérinaire vous proposera une alimentation adaptée permettant :
Soit de dissoudre les cristaux présents dans le cas des struvites,
Soit d’empêcher la formation de cristaux supplémentaires pour les autres types de cristaux.
Les aliments distribués auront en effet pour but de maintenir les urines à un pH bien précis, défavorable à la formation de tous types de cristaux et calculs.
Cette alimentation adaptée peut, par ailleurs, être distribuée sous forme humide (pâtées ou sachets fraîcheur) afin de diluer davantage les urines et ainsi favoriser l’élimination des cristaux et diminuer leur formation.
– Si des calculs de grande taille ont été mis en évidence, une chirurgie sera souvent nécessaire. Elle consiste à ouvrir la vessie, en retirer les calculs et à en réaliser un rinçage méticuleux afin d’éliminer les calculs de petite taille et les cristaux qu’elle peut contenir.
– Cas de l’obstruction :
L’obstruction urinaire constitue une véritable urgence : le chat doit être “débouché” le plus rapidement possible afin d’éviter l’installation d’une grave insuffisance rénale et de toutes ses conséquences.
Pour ce faire, le vétérinaire va introduire une petite sonde dans les voies urinaires du chat “bouché” en essayant de repousser le calcul ou le “sable” obstruant le pénis. Cette sonde est ensuite maintenue en place, parfois pendant plusieurs jours, jusqu’à ce que l’inflammation des voies urinaires diminue et que l’urètre devienne à nouveau perméable.
Là encore, une alimentation adaptée devra être mise en place pour éviter tout risque de récidive.
Une seconde chirurgie sera réalisée lorsque l’animal aura retrouvé un bon état général pour extraire les calculs éventuellement présents dans la vessie.
Tumeurs de l’appareil urinaire
– Certaines tumeurs vont pouvoir engendrer les mêmes symptômes que ceux rencontrés en présence de calculs urinaires :
le chat se met à uriner beaucoup plus souvent, semble éprouver des difficultés à faire, et peut se plaindre lorsqu’il urine.
Là encore, du sang peut être retrouvé dans les urines et le chat, qui a mal chaque fois qu’il va à la litière, peut ne plus oser y aller et faire ailleurs.
Une incontinence urinaire pourra éventuellement s’ajouter à ces symptômes.
– Ces troubles vont apparaître notamment en présence d’une tumeur de la vessie ou d’une tumeur de l’urètre (conduit qui permet l’évacuation des urines contenues dans la vessie vers l’extérieur).
– Ces tumeurs pourront être mises en évidence par des examens d’imagerie médicale comme l’échographie ou un examen appelé urographie (un produit opaque aux rayons X est injecté à l’animal et permet de mettre en évidence sur une radiographie des anomalies des voies urinaires)
Cystites infectieuses – Cystites idiopathiques
Les inflammations de la vessie ou cystites ne sont pas forcément secondaires à la présence de calculs vésicaux.
Elles peuvent également résulter d’une infection bactérienne ou être idiopathiques (c’est-à-dire qu’aucune cause bien précise ne permet de comprendre l’origine de l’inflammation).
Les cystites infectieuses
¤ Origine
Certaines cystites sont liées à la présence d’une infection bactérienne. Elles sont beaucoup moins fréquentes que les inflammations liées à la présence de cristaux ou de calculs urinaires.
Ces infections sont très souvent secondaires à une autre pathologie :
– malformation congénitale : une anomalie anatomique peut favoriser l’entrée de germes dans la vessie.
– extension d’une infection de l’appareil génital
– problème d’incontinence urinaire ou de vessie atone (les muscles vésicaux n’assurent alors plus une vidange complète de la vessie et les urines qui y stagnent favorisent l’apparition d’infections)
– secondaire à une maladie générale comme le diabète (cette pathologie modifie la composition des urines et favorise la multiplication de bactéries dans la vessie), ou encore l’hyperthyroïdie
– Tumeurs
¤ Diagnostic
– Une bandelette urinaire révèle des anomalies telles que la présence de sang ou de protéines dans les urines.
– Des urines seront collectées afin de réaliser unexamen cyto-bactériologique permettant la mise en évidence des bactéries. Cet examen est utile, non seulement, pour connaître la bactérie responsable de l’infection, mais également les antibiotiques efficaces pour la traiter.
– Enfin, face à des cystites bactériennes chroniques, des examens complémentaires (radiographies, échographies, tests sanguins) pourront être proposés pour rechercher une cause favorisante de ces infections (tumeur, diabète, malformation de l’appareil urinaire…)
¤ Traitement
– Le traitement des cystites infectieuses repose sur l’administration d’antibiotiques.
Lorsque les cystites sont fréquentes, l’examen cyto-bactériologique des urines permet la mise en évidence des bactéries en cause et donc une adaptation précise du traitement.
– Votre vétérinaire vous prescrira, par ailleurs, un médicament visant à réduire les spasmes et donc à réduire la douleur ressentie par l’animal lorsqu’il urine.
Les cystites idiopathiques
Certaines cystites appelées cystites idiopathiques ne semblent s’expliquer par aucune des causes évoquées précédemment :
– Les examens radiographiques et échographiques ne révèlent aucune anomalie (absence de tumeur, absence de calcul) et l’examen des urines ne permet de déceler ni cristaux, ni bactéries. Seule une irritation de la paroi de la vessie peut parfois être mise en évidence.
– Cependant, le chat présente tous les signes d’une cystite avec des plaintes, des douleurs lors des mictions, du sang dans les urines et peut parfois même devenir totalement incapable d’uriner, comme dans les cas de globes vésicaux associés à des calculs urinaires.
– Dans ces cas de cystites idiopathiques, des signes d’anxiété et de stress doivent être recherchés chez le chat.
En effet, il semble que la fréquence de ces cystites diminue chez certains animaux grâce à la mise en place de traitements employés dans les troubles anxieux tels qu’un enrichissement du milieu de vie, une réorganisation de l’espace ou encore un changement du mode de distribution des aliments…
Votre vétérinaire recherchera alors si d’autres signes d’anxiété sont présents chez votre animal (boulimie, diarrhées chroniques, léchage intensif, agressivité dans certaines situations ou à certains moments de la journée…) et tentera, si c’est le cas, de déterminer avec vous l’origine de ce stress.
Maladies responsables d’une augmentation de la prise de boisson
Certaines pathologies comme le diabète sucré, l’insuffisance rénale, une infection utérine, l’hyperthyroïdie ou encore un trouble hépatique sont associées à une nette augmentation de la prise de boisson.
Dans ce cas, la malpropreté n’est pas liée à une aversion pour la litière mais à l’importante augmentation de la quantité d’urines émises : la litière du chat est alors très vite saturée d’urines et le chat fait ailleurs.
Si vous constatez une augmentation de la quantité d’eau consommée par votre animal, parlez-en à votre vétérinaire pour qu’il puisse rechercher la présence d’une de ces maladies.
L’apparition de malpropreté chez le chat peut être liée à diverses maladies parfois très douloureuses.
Il convient d’évoquer rapidement ces troubles urinaires avec votre vétérinaire :
en effet, si une solution permettant de faire disparaître la douleur du chat lorsqu’il urine n’est pas vite mise en place, la répulsion pour la litière peut persister dans le temps et réapprendre au chat à faire dans une litière sera alors extrêmement difficile.