Fiche Médicale N°05. Dentisterie Vétérinaire : 3 questions fréquentes

MON CHIEN SENT DE LA « GUEULE, EST-CE NORMAL ?

La mauvaise haleine de votre compagnon n’est pas une fatalité : Ce n’est pas normal. Cette odeur est dans l’immense majorité des cas le reflet d’une INFECTION bucco-dentaire. En effet, tous les jours, le biofilm contenu dans la gueule de votre compagnon se dépose sur ses dents. Ce biofilm est constitué de SALIVE et de bactéries. En adhérant sur les dents, il forme ainsi la PLAQUE DENTAIRE ou PLAQUE BACTERIENNE (invisible).

En fonction du caractère plus ou moins fluide de ce biofilm, la plaque dentaire va adhérer plus ou moins sur les dents. En 2 semaines, cette plaque bactérienne va se MINERALISER pour former du TARTRE visible. Ceux dont la composante « salive » sera très aqueuse auront une plaque bacterienne peu adhérente aux dents donc peu de tartre. Ceux qui auront un émail dentaire très lisse auront une élimination plus aisée de la plaque dentaire dont moins de tartre ….
On comprend donc aisément que les animaux (et les humains…) ne sont pas égaux en matière de formation du tartre.

 

Le tartre est donc le signe d’une INFECTION DENTAIRE. Il glisse progressivement sous la gencive et provoque une atteinte du parodonte (=système d’attache de la dent, ligaments os, genvices…) et entraine une infection dentaire à l’origine de l’ODEUR.

=> le détartrage n’est pas un luxe pour votre compagnon, c’est un acte de santé car de nombreuses maladies « arrivent » par le vecteur dentaire.



MON CHIEN A-IL MAL AUX DENTS ? MYTHE OU REALITE ?
Une infection dentaire est une maladie souvent silencieuse qui évolue à bas bruit et qui brutalement se déclare de manière plus ou moins aigue. C’est la fameuse « RAGE DE DENTS » bien connue chez l’homme et qui motive une visite en urgence chez le dentiste !. Mais votre compagnon ne PARLE PAS et bien souvent il gère en silence, souffre en silence, ou tombe malade à la suite de son problème bucco-dentaire passé inaperçu. La sensibilté des dents est sous le contrôle du NERF TRIJUMEAU (volumineux nerf de la face) via ses 2ème et 3ème ramifications, le nerf maxillaire et le nerf mandibulaire :

 
Votre animal a donc bien une perception de la douleur de son environnement buccodentaire via des lésions de la gencive, des dents et de l’ensemble des phénomènes inflammatoires générés par les traumatisme buccodentaires.

Mais cette manifestation de la douleur est insidieuse et difficile à percevoir pour le néophyte car elle ne s’apparente pas aux notions habituelles de douleurs bucco-dentaires rencontrées chez l’homme. De plus, elle s’installe progressivement, si bien que le propriétaire ne se rend pas compte de son développement, pire encore il considère cela comme normal.

Comment cette douleur peut-elle se manifester ? Les signes de douleur buccodentaire ou maxillofaciale chez l’animal sont les suivants :
– baisse d’alimentation non pas par perte d’appétit mais par douleur lors de prise en bouche de l’aliment
– alimentation plus lente que d’ordinaire
– Baisse des jeux buccodentaires (balle, corde, … tout jeu implicant le mordant…)
– refus de se laisser toucher la face,
– port de tête et cou courbé vers le bas
– sommeil en boule avec la tête enfouie
– se gratte les babines
– maintien d’une gueule semi-ouverte
– contraction des muscles masticateurs
– gonflement de la face

– infection oculaire et/ou nasale
– …..

Il existe enfin des signes plus évidents et visibles par vous même :
– saignement des gencives
– abcès sous orbitaire
– perte de dents
– tartre
– mauvaise haleine
….
 



EXTRACTION OU CONSERVATION DES DENTS ? FAUT-IL SOIGNER OU EXTRAIRE ?


De nombreux facteurs jouent un rôle dans la réponse à cette question. Il est possible néanmoins de raisonner en fonction de 3 facteurs :

 

  1. L’age de la dent
  2. La lésion intrinsèque de cette dent
  3. Les lésions du parodonte (structures entourants les dents)

 

1. L’AGE DE LA DENT :

Une dent vit tout au long de la vie de l’animal. Lors de son éruption, la dent est dite immature et présente un apex ouvert, une cavité pulpaire large et une dentine fine :

Image mandibule d’un cocker de 8 mois
Lors de l’atteinte d’une dent jeune, le delai d’intervention et diagnostic doit être précoce afin de conserver au maximum la vitalité de la cavité pulpaire (pulpectomie partielle et coiffage pulpaire) et permettre ainsi à la dent de cicatriser, de ne pas s’infecter puis de terminer son développement. Si la cavité pulpaire est atteinte de manière trop importante (pulpite irréversible ou nécrose pulpaire) la dent stoppe alors son développement et restera immature, donc fragile. Il est impératif alors afin de conserver la dent de réaliser une fermeture de son apex et un pulpectomie totale et complement radiculaire.
En fonction de la durée de l’infection le pronostic de conservation de la dent immature varie :

– Si le délai d’intervention est inférieur à 48h le pronostic de conservation de la dent est proche de 90%
– Entre 2 et 7 jours le pronostic est proche de 50%
– Au delà de 10-15 jours l’extraction est souvent à considérer.

 

2. LA LESION INTRINSEQUE DE LA DENT

Nous allons ici principalement déterminer ici les cas avec atteinte pulpaire des cas sans atteinte pulpaire.

Lors d’atteinte coronaire simple une reconstruction par résine photopolymérisable peut être réalisée :

Lors d’atteinte pulpaire il faut alors considérer le degré d’atteinte de la pulpe et son effraction ou non. L’organe pulpaire (vaisseaux, nerf, cellules ondontogènes) est fragile et son atteinte peu être irreversible (mortification dentaire aseptique, changement de couleur de la dent ….). Dans ce cas, afin d’éviter une infection plus tardive par voie hématogène (par le sang) ou par le parodonte (la gencive …) un traitement canalaire est indispensable.

Lors d’atteinte pulpaire avec effraction (pulpe visible) l’infection est inévitable et un traitment canalaire adapté à l’ampleur de la lésion s’impose :

– Coiffage pulpaire et reconstruction coronaire
– Traitement canalaire et reconstruction coronaire
– Extraction si abcès osseux sous jacent ou reconstruction radiculaire

 

3. LES LESIONS DU PARODONTE

Il est bien entendu impensable d’imaginer conserver une dent si son environment immédiat (le parodonte) ne le permet pas. Aussi l’exploraiton de la dent doit pemettre de conserver au moins les 2/3 de ce parodonte. Lors de lésion mettant à jour plus de 1/3 du parodonte latéral la reconstruction sera difficile et une extraction est souvent à considérer.

 

CONCLUSION

La mauvaise haleine est à prendre en considération. Elle peut être le premier signe d’une souffrance bucco-dentaire. Aujourd’hui, les vétérinaires ont pris conscience de l’importance de l’hygiène bucco-dentaire et sont à même de vous proposer de véritables traitements dentaires comme le ferait votre dentiste afin d’éviter au maximum une extraction dentaire.

 

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